Tribune — Les réfugiés victimes du racisme structurel

Lettre des lecteurs de Samson Yemane parue dans l’édition du 29 février 2024 du 24 heures

Les personnes requérantes d’asile sont non seulement traumatisées par leur parcours de migration forcée, mais également par notre politique d’immigration, qui est parfois structurellement discriminante. En effet, aujourd’hui notre système d’accueil est administré par une volonté d’exclusion, craignant le prétendu «grand remplacement» ou «l’augmentation d’insécurité». Ce discours politique infondé, porté généralement par la droite et l’extrême droite, a une conséquence: la marginalisation des personnes réfugiées.

Il est temps de contrer ce discours dévastateur. L’analyse simpliste des xénophobes tente de responsabiliser les réfugiés en minimisant les violences structurelles et les traumatismes des migrations forcées. Ce n’est pas tout, la droite et l’extrême droite nient également les dimensions structurelles discriminantes de notre propre politique d’accueil. Pourtant, la voix des personnes réfugiées nous rappelle sans cesse leurs souffrances, leurs inquiétudes et l’importance de l’empathie humaine. Sommes-nous arrivés à une inconscience collective au point de nier cette réalité?

Conscient de notre incapacité collective à voir clairement, je choisis ici volontairement de ne pas attribuer la responsabilité des décès de personnes réfugiées à un acteur spécifique. Néanmoins il est important de souligner qu’historiquement notre politique d’asile est, entre autres, le résultat d’une politique nationaliste réfractaire à la diversité. Par conséquent, une réforme structurelle doit nous permettre de questionner notre propre privilège, ainsi que nos normes culturelles et politiques.

Les discriminations structurelles fortement intégrées dans nos institutions et pratiques continuent à reproduire les inégalités en poussant certaines personnes réfugiées à commettre des actions suicidaires et désespérées. Nous avons hélas eu des drames récents dans les cantons de Genève et de Vaud. Par conséquent, nous devons changer cette perspective et exiger une réforme profonde de notre politique d’asile pour parvenir à une société plus équitable et inclusive. Comme le souligne notre Constitution fédérale, il faut respecter les droits fondamentaux, y compris l’interdiction de discrimination, et contribuer à leur réalisation.

Réflexion globale

Qui dit structurel dit complexité. En d’autres termes, nous avons l’obligation d’avoir une réflexion globale sur l’asile en incluant les experts du domaine, et pourquoi pas, les personnes réfugiées. Une des solutions pour éradiquer cette discrimination structurelle à l’égard des personnes réfugiées consiste à sortir de cette politique sécuritaire excessive (d’exclusion), et mettre en place un vrai système d’accueil et d’accompagnement sur le plan psychologique et social. Nous devons impérativement reconnaître et identifier les traumatismes de ces exilés, et leur apporter l’aide sociale capable d’assurer leur sérénité et leur intégration sur le long terme.

Samson Yemane, conseiller communal