Tribune — Des retraites sereines en phase avec notre temps

Lettre des lecteurs de Simon Schönmann parue dans l’édition du 9 février 2024 du 24 heures

Prendre aux riches pour rendre aux pauvres les profits que leur travail a permis, voilà l’une des méthodes de la gauche pour réduire les inégalités. Ce n’est pas le cas du projet de 13e rente AVS: nous voulons une rémunération supplémentaire qui s’adresse à tout le monde. Car si l’inflation fait plus de mal aux pauvres, elle touche aussi la classe moyenne. Il s’agit simplement d’être en phase avec notre temps et de pérenniser le projet voté démocratiquement en 1997: les rentes AVS sont inférieures de 300 francs à celles qui étaient versées il y a quinze ans!

Face à cela, la droite affiche une soudaine préoccupation pour les inégalités: on nous dit qu’une grande partie de la population n’a pas besoin de ce revenu supplémentaire. Elle se trompe de débat, car il s’agit d’une assurance de revenu pour la retraite, et non d’une prestation sociale. La véritable inquiétude de nos opposants, ce sont les légères pertes de profits qu’un affaiblissement des autres piliers pourrait exercer sur les banques et les assurances. Donc sous couvert d’un discours populiste, on propose aux gens qui galèrent de combler leurs déficits en se tournant vers des prestations complémentaires insuffisantes, éprouvantes sur le plan administratif et demandant à être remboursés par les héritiers au-delà d’une franchise de 40’000 francs, pour protéger les intérêts de quelques milliardaires.

Ce même camp ose par ailleurs invoquer les expatriés suisses à qui ne bénéficient pas leurs cotisations, alors même que leur départ est symptomatique de la difficulté croissante à vivre sa retraite dans notre pays!

La jeunesse, la plus concernée, a besoin de solidarité, et surtout pas d’une société où un retraité sur deux doit vivre avec moins de 3600 francs par mois et envisager un exil forcé. Tout renforcement de l’AVS, le seul des trois piliers à prendre en compte le travail du care, signifie aussi plus de justice pour les femmes. Une valorisation en phase avec notre temps.

Des réserves

La 13e rente AVS n’est pas un projet idéologique mais le respect de notre Constitution, qui impose la garantie des besoins vitaux et la préservation du niveau de vie. On peut l’appliquer sans aucune hausse d’impôts: l’AVS fait 3,5 milliards de francs d’excédents, avec des réserves chaque année supérieures. Ne parlons pas, dans ce contexte, de renflouer des caisses qui n’ont pas besoin de l’être!

Quelle absurdité grotesque, en effet, de voir dans les augmentations de l’âge de la retraite une sûreté pour l’avenir. La productivité nationale a augmenté de 1,2% par an entre 1991 et 2022, notamment en raison de l’automatisation. Le temps devrait être à la réduction du temps de travail. D’autant plus que la crise climatique nécessite une diminution drastique de nos biens de consommation, et donc du salariat. Sans baisse des salaires, ni de l’AVS!

Simon Schönmann, secrétaire général du PS lausannois