Tribune — Les coûts de la virilité

Lettre des lecteurs de Roland Philippoz parue dans l’édition du 5 juin 2023 du 24 heures

Un député a réagi à des propos allusifs sur le harcèlement lors d’une séance du Grand Conseil en exigeant des excuses et en menaçant d’une plainte pénale, pour finalement, à tête reposée, regretter une escalade qui n’avait pas lieu d’être, tout en étant désolé que certains de ses propos aient pu heurter des sensibilités.

On aurait pu en rester là. Mais la majorité PLR et UDC de notre parlement a décidé de quitter la séance du Grand Conseil, et par là, mettre fin à ses travaux, le quorum n’étant plus atteint. Avec la suspension de séance d’une heure et la fin précipitée des débats voulue par la majorité pour soutenir une posture virile d’un de ses membres, combien cela a-t-il coûté aux vaudois ? Bref calcul approximatif: 15000.-, soit les indemnités pour 2 heures de 150 députées et députés. Le PLR et l’UDC vont-ils les payer ? Les députées et députés ayant choisi de quitter la salle verront-ils leur indemnité journalière diminuée ?

Ceci n’est qu’un exemple anecdotique des conséquences économiques de l’expression de la virilité au quotidien. Les prisons sont occupées à plus de 90 % par des hommes, la très grande majorité des affaires traitées par les tribunaux sont liées aux hommes, les accidents de la route dus à la vitesse et à l’ébriété sont là aussi le fait, pour la plupart, d’hommes en mal avec le respect des lois. Les victimes d’actes de violence qui nécessitent des interventions d’urgences dans les hôpitaux sont aussi le plus souvent des hommes suite à des bagarres ou des comportements à risques.

Le coût de ces comportements virils, si on y ajoute les impacts sur les familles, les proches et les journées de travail perdues est énormissime. Ne serait-il pas temps de faire évoluer nos modèles éducatifs pour que nos garçons ne deviennent pas des hommes qui impactent si gravement sur leur entourage, leurs victimes et les finances de nos institutions. Nous aurions toutes et tous à y gagner !

Roland Philippoz, conseiller communal