Postulat – Histoire coloniale – Lausanne : pour une ville inclusive et non discriminante

Postulat de Samson Yemane, Conseiller communal, déposé le mardi 17 mai 2022

La commune de Lausanne, connue pour sa diversité, combat et sensibilise les différentes discriminations sociétales. À cet effet, le Bureau lausannois pour les immigrés (BLI) dispose d’une permanence contre le racisme et propose de manière constructive des outils appropriés et ciblés à chaque situation pour surmonter les discours et actes discriminatoires. Par ce postulat et dans la continuité de la démarche du BLI, nous encourageons et demandons à la Municipalité d’examiner et mettre davantage l’accent sur l’histoire coloniale (et esclavagiste) à laquelle notre commune à (in)directement participé, voire fortement contribué. En effet, l’espace public n’est jamais neutre. Au contraire, il est porteur d’une construction sociale dont parfois il contribue au racisme et renforce les discriminations qui en découlent.

 

Jusqu’au 20ème siècle, plusieurs éléments historiques ont marqué notre Ville tel que « Le village nègre » du Comptoir suisse et à la Foire coloniale de Lausanne (Debluë Claire-Lise, 2015 : Thomas David, 2020 : Nicolas Bancel, 2014). Ces « zoo humains » exposés dans notre commune sont à ce jour peu connus, voire ignorés, auprès du grand public. À cela s’ajoutent les adresses, inscriptions, monuments, et personnalités faisant référence au colonialisme et au racisme anti-noir(e)s.

 

Face à ce constat, il serait intéressant et pertinent que notre commune fasse un état des lieux avec des expert(e)s du domaine sur les monuments, adresses, inscriptions et personnalités qui portent des traces ou héritages coloniaux dans l’espace public et d’envisager une action d’information, d’exposition et de sensibilisation. Cette démarche viserait non seulement à contextualiser la dimension historique, mais également à objectiver les héritages coloniaux et à lutter de manière ciblée contre le racisme anti-noir(e)s.

 

« Décoloniser » l’espace public ne vise en aucun cas à falsifier l’histoire de notre commune. Au contraire, il permet d’historiciser, de contextualiser, de soulever un débat réflexif, et surtout d’inclure les minorités racisé(e)s. En outre, plusieurs études scientifiques prouvent que reconnaître notre passé colonial nous amène à consolider notre cohésion sociale.

 

 

Signataires :

 

Samson Yemane        Joëlle Racine             Angèle Mendy Flora              Astrid Lavanderos

 

 

Yusuf Kulmiye             Mountazar Jaffar         Olivia Fahmy