Postulat: Bas les masques, la culture est en danger!

Philippe Clivaz – déposé le premier décembre 2010

Le 26 septembre dernier, le peuple suisse entérinait, par son vote, la révision sur la loi sur le chômage (LACI).

Ce choix a mis en lumière une des erreurs de notre système de société que la situation prévalant jusqu’ici cachait tant bien que mal :

Un nombre important d’artistes, de créateurs culturels indépendants vivent dans une situation financière très précaire.

Jusqu’ici, les diverses situations financières des intermittents du spectacle étaient plus ou moins sauvées par la possibilité de toucher le chômage en ayant travaillé pendant 18 mois.  Dès avril 2011, avec l’entrée en vigueur de la LACI révisée, le délai sera de 12 mois et la bouée de sauvetage se dégonfle menaçant une partie importante de notre société de noyade. (Une partie importante, parce qu’une société sans culture, une société sans créateurs, est une société sans présent et sans avenir).

En Suisse, la culture est principalement l’affaire des villes et des cantons. Or, que ce soit au niveau fédéral, cantonal ou communal, le travail des créateurs et des artistes semble être peu reconnu. Un simple exemple : lorsque qu’un acteur apprend un texte, l’étudie avant de le restituer sur scène son travail n’est pas rémunéré.

Le vote du 26 septembre 2010 doit être un détonateur pour permettre une prise de conscience de la réalité du monde artistique de notre pays riche. Nous ne pouvons pas nous contenter de penser que le créateur, l’artiste a choisi sa voie et qu’il doit assumer le risque de vivre d’amour et d’eau fraîche, comme c’est encore trop souvent le cas.

Il est dès lors urgent que les collectivités publiques prennent encore plus de responsabilités vis-à-vis de celles et ceux qui ouvrent de nouvelles voies, invitent à la réflexion, défrichent des chemins, sans aucune perspective de retour sur investissement autre que d’offrir un bien-être à une société. Mais comment quantifier ce bien-être ?

Prenons l’exemple des propositions du Service de la culture du Canton de Berne :

« En optimisant la politique d’encouragement des activités culturelles, la présente stratégie culturelle reprend quatre (…) priorités :

  • l’innovation, dans la mesure où la culture, en tant que source de réflexion et d’inspiration, contribue à créer un climat favorable à l’économie et à la société ;
  • une formation de haute qualité, dans la mesure où la culture permet à chacune et à chacun de développer sa propre identité, de s’intégrer socialement et de voir l’avenir comme une chance ;
  • la cohésion, dans la mesure où la culture est présente aussi bien dans les agglomérations que dans les espaces ruraux et où elle est envisagée dans sa diversité ;
  • la politique sociale, dans la mesure où la culture constitue un élément essentiel de la qualité de vie et des loisirs et contribue ainsi à faire de chaque style de vie une réalité librement choisie. »[1]

Au nom du parti socialiste nous demandons à la Municipalité :

 

  • d’étudier les retombées du vote du 26 septembre sur la situation des artistes et créateurs indépendants de notre ville, quel que soit leur domaine.
  • de proposer des solutions à moyen et long termes pour pérenniser la situation des artistes et des créateurs indépendants et d’en évaluer les coûts ; par exemple en développant le système du contrat de confiance, en proposant des débouchés en médiation culturelle, en collaborant plus étroitement avec le réseau d’animation socio-culturelle très développé à Lausanne.

 

 

Au vu de l’urgence de mener à bien le travail qu’implique le présent postulat pour l’administration communale, nous demandons qu’il soit transmis directement à la Municipalité.


[1] Stratégie culturelle pour le Canton de Berne, Département de l’Instruction Publique du Canton de Berne, Office de la culture, Berne, avril 2009, p. 8.