Article sur une prise de position de Julien Eggenberger paru dans l’édition du 31 janvier 2025 de Blick

Mentionnant le reportage de Blick, Julien Eggenberger veut des réponses du Conseil d’Etat quant au respect des droits humains et la continuité des soins des personnes renvoyées en Croatie. Et en particulier des enfants.

Le cas de Bezma*, spectaculaire, n’est que la partie visible de l’iceberg. Voici, en substance, le message que veut faire passer le député socialiste vaudois Julien Eggenberger, qui a déposé une interpellation au Grand Conseil le 28 janvier. Sur la base notamment du reportage de Blick, qui est parti retrouver cette fillette turque renvoyée de force vers Zagreb alors qu’elle était gravement malade, l’élu adresse au Conseil d’Etat une série de questions sur le respect des droits humains, le suivi de la santé des personnes migrantes et les renvois vers la Croatie dans le cadre du règlement Dublin.

«Depuis quelques années, la ligne du Conseil d’Etat est de répondre que c’est Berne qui décide», résume Julien Eggenberger, joint par téléphone. «Certes, Berne exige le renvoi. Mais c’est le canton qui gère les services médicaux, organise le transfert, et exécute ce dernier. Il est donc légitime de lui demander des explications.» 

Une situation qui ne s’améliore pas

Dans son texte, il relève que plusieurs associations suisses ont documenté récemment des problèmes autour du suivi des soins, des conditions de renvoi et de la situation générale des requérants d’asile en Croatie. 

Malgré des interventions parlementaires, «la situation ne semble pas s’améliorer» concernant les renvois vers Zagreb, note Julien Eggenberger. 

Selon lui, le récit du renvoi de la fillette et de sa famille «met en lumière la pratique controversée des interventions nocturnes de la police cantonale, une approche qui soulève des questions sur le respect des principes de proportionnalité et sur l’impact traumatique pour les enfants concernés». Il ajoute au téléphone que «ces interventions en pleine nuit se multiplient, comme s’il s’agissait non pas de familles mais de criminels endurcis.» 

Des lacunes dans la transmission des informations

Alors que «le suivi médical et psychologique est souvent interrompu de manière brutale» avec les renvois, Julien Eggenberger s’inquiète pour la continuité des soins: «Il semble que l’évaluation de l’état de santé des personnes avant le renvoi se limite aux seules conditions de transport, sans garantir la continuité des soins dans le pays de destination. Des lacunes importantes dans la transmission des informations médicales entre les professionnel·le·s de santé et les autorités semblent également être constatées, incluant des omissions concernant des rendez-vous médicaux déjà planifiés.»

Au vu notamment des réponses officielles reçues par Blick, le député pointe du doigt en outre «une coordination déficiente» entre le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM – fédéral) et le Service de la population (SPOP – cantonal). «Tout le monde se renvoie la balle entre le SEM, le SPOP et les services médicaux. Et au final, personne n’est responsable de rien, au détriment des droits humains des personnes concernées», regrette l’élu.

Procédure exacte demandée

Sur la base de ces constats, il demande notamment au gouvernement d’expliquer quelle procédure exacte l’administration suit pour s’assurer qu’aucun problème de santé ne s’oppose à un renvoi et comment les informations pertinentes sur la santé de la personne sont transmises aux autorités compétentes avant et après le transfert. 

Outre des renseignements sur les renvois nocturnes d’enfants, l’élu veut aussi savoir si le Conseil d’État a interpellé la Confédération au sujet des risques sanitaires liés aux renvois Dublin, en particulier «vers des pays où l’accès aux soins est limité.» Il demande également si le gouvernement «envisage de demander la suspension des renvois vers des pays où il est impossible de garantir un accès adéquat aux soins médicaux et psychologiques.»

*Nom connu de la rédaction