Parti socialiste lausannois

Tribune — Immobilier : changer les règles du jeu

Tribune de Sarah Neumann parue dans l’édition du 21 mars 2023 du 24 heures

Qui connaît la véritable origine du Monopoly, le jeu de société où celui qui achète le plus d’immeubles est gagnant ?

Elisabeth J. Magie, une sténographe américaine, féministe et anticapitaliste, invente en 1902 un jeu de plateau à cases sur lesquelles se posent de petites maisons en bois. Son objectif : démontrer que la spéculation foncière enrichit les propriétaires et appauvrit les locataires.

Le jeu est alors doté de 2 carnets de règles : l’un où il faut être le plus riche et dépouiller ses adversaires, The Landlord’s game, l’autre coopératif, Prosperity, où tous les loyers fonciers sont versés au trésor public.

30 ans plus tard, la société Parker Brothers, ancêtre d’Hasbro, rachète les droits de The Landlord’s game à Elisabeth Magie pour 500 dollars. A ce jour, Hasbro a vendu plus de 300 millions d’exemplaires du désormais célèbre Monopoly. Prosperity tombe aux oubliettes, l’histoire ayant définitivement retenu, et aux dépens de l’inventrice, la version capitaliste.

En matière d’immobilier vaudois, grâce à la L3PL (Loi sur la préservation et la promotion du parc locatif), il y a désormais aussi plusieurs façons de jouer. Lorsqu’un bien est mis en vente, la Ville a la possibilité de le racheter en priorité, un levier nommé le droit de préemption. Et avec un taux de logement vacants à 1.11% dans le canton, et en-dessous de 0.6% à Lausanne, l’enjeu est de taille.

En faisant usage du droit de préemption, la Ville de Lausanne a fait l’acquisition depuis 2020 de onze immeubles d’habitation, soit 200 logements. Elle les propose maintenant à la vente en droit de superficie et à des conditions strictes : loyers modérés garantis, maintien des locataires en place, garantie de rénovations énergétiques. La ville reste propriétaire du sol, assurant à la caisse communale un rendement raisonnable. Un nouveau crédit pourrait permettre, si octroyé par le Conseil communal, d’appliquer ce mécanisme à plus de cent appartements supplémentaires.

En parallèle, Lausanne poursuit le développement du projet Métamorphose. Aux Prés-de-Vidy en 2029, au Vélodrome en 2030, plus de 25 hectares se déploient à proximité du centre-ville, au cœur du réseau des transports publics. Avec à chaque fois, plus de la moitié des logements à loyer abordable : des quartiers d’une extraordinaire mixité sociale sortiront de terre, avec des immeubles respectueux des enjeux climatiques.

Les maisons plus anciennes ne sont pas en reste : un ambitieux plan d’assainissement devrait garantir aux locataires de la Ville de Lausanne de voir progressivement leurs logements adaptés aux exigences qu’imposent tant l’environnement que la crise énergétique. Ce plan doit être mené de façon exemplaire, soit en évitant les résiliations et en communiquant de manière transparente.

Sur tous les fronts, Lausanne s’engage pour une politique immobilière qui offre d’autres réponses que celles de la loi du marché, et pour que locataires et collectivité publique soient les gagnants.

Sarah Neumann, conseillère communale, présidente du parti socialiste lausannois

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