Postulat – Pour un soutien professionnel et non-stigmatisant à la réorientation professionnelle des travailleuses et travailleurs du sexe

Carine Carvalho Arruda, députée– Postulat déposé le 17 septembre 2019

La politique de réinsertion professionnelle vaudoise se déploie en un dispositif complexe comportant un grand nombre de mesures et acteurs : programmes d’emploi temporaire, programmes d’insertion, de formation, programmes spécifiques pour les bénéficiaires de la loi sur l’assurance-chômage (LACI) et du Revenu d’insertion (RI), stages en entreprise, semestres de motivation, etc. Il est très important pour la cohésion sociale que toute personne en ayant le besoin puisse bénéficier de ces mesures.

Le rapport d’activité 2017 de l’Association Fleur de Pavé1 mentionne la volonté de certaines travailleuses du sexe de se réorienter professionnellement et les difficultés rencontrées : « Conditions de travail difficile, concurrence accrue, envie de changer d’activité et de passer à autre chose, santé psychique affectée… plusieurs sont les raisons qui poussent une personne à venir vers nous en nous disant ’ j’ai envie d’arrêter… mais comment faire et que faire d’autre ?’ ».

Quand elle souhaite se réorienter, une personne exerçant la prostitution peut faire face à des défis particuliers : expérience professionnelle invisible car la prostitution revêt un caractère stigmatisant, parcours scolaire ou de formation lacunaire, mobilité géographique importante, manque d’ancrage dans un canton/commune. Les travailleuses et travailleurs du sexe sont aussi très exposé·e·s aux risques sanitaires, de précarité et d’isolement social. Raison pour laquelle, il est important que le dispositif cantonal d’insertion professionnelle soit le plus accessible possible à cette population vivant avec des défis particuliers.

L’association Fleur de Pavé et l’association Astrée2 fournissent des services d’accueil bas-seuil (avec espace rencontres et consultations) pour les femmes prostituées et/ou migrantes. Même si elles fournissent un soutien social important, la réorientation professionnelle n’est pas au cœur de leur action ni des missions confiées par les autorités cantonales et communales.

Le présent postulat demande au Conseil d’Etat d’analyser comment pouvons-nous combler ce chainon manquant dans la politique sociale : l’insertion des personnes exerçant la prostitution dans le marché du travail régulier. Quels acteurs — associations, services, etc.— devraient y contribuer ? Avec quelles ressources ?

Une telle politique publique devrait bien entendu avoir comme point de départ le désir des personnes de se réorienter et pas imposer des choix qu’elles ne désirent pas entreprendre. Les personnes y œuvrant devraient être formées aux enjeux spécifiques du milieu de la prostitution, et le faire sans jugement ou stigmatisation.

Nous faisons la présente proposition sans nous limiter au débat clivant sur la prostitution. Nous nous proposons une démarche pragmatique, non jugeante et constructive, inspirée par la volonté d’offrir à toutes et à tous les ressources les permettant de sortir de la précarité.

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