Postulat – Vers une politique municipale spécifique pour les ludothèques lausannoises

Vincent Brayer, conseiller communal. Interpellation déposée le 5 novembre 2019

Madame Eggli proposait des pistes de développements pour les Ludothèques lausannoises en juin 2007 par voie de postulat. Cette demande a conduit à l’élaboration du rapport-préavis 2010/61 qui par ses conclusions a doté la ludothèque Pinocchio d’une subvention pérenne de 50’000 CHF, il a aussi permis à diverses ludothèques de voir la ville reprendre les coûts de leur loyer, ainsi que la création d’un fond de soutien aux ludothèques lausannoises, utilisé, par exemple, pour les formations des ludothécaires et des bénévoles, ainsi que pour l’achat de jeux. Ces différentes mesures – dont la liste présentée ici n’est pas exhaustive – ont permis il y a dix ans de réelles avancées pour les ludothèques lausannoises.

Madame Eggli mentionnait déjà en 2007 que la Ville de Genève comptait alors, 11 ludothèques faisant partie d’un réseau, dont le financement de départ est assuré par le service des écoles, Fr. 800’000.- hors loyers, le même service met les locaux à disposition.

Aujourd’hui, plus de neuf ans après le rapport-préavis 2010/61, la réalité du terrain a grandement évolué. Les ludothèques sont en constante croissance, le nombres de prestations délivrées à la population augmentent, les ludothécaires se forment et se professionnalisent[1]. Pourtant, le volet politique de la question des ludothèques n’a été que peu abordée depuis une décade.

Il est donc primordial aujourd’hui de se replonger dans le thème des ludothèques et de leurs ludothécaires. Les ludothèques participent au développement des enfants, resserre les liens familiaux, et facilitent le vivre ensemble dans les quartiers. Dans le cadre commun des ludothèques, on peut lire :

« L’enfant fréquentant les ludothèques :

  • Découvre le plaisir du jeu par le jeu, qu’il cherchera à partager avec son entourage proche.
  • Apprend les règles de vie commune et les normes d’interaction sociale indispensables à une intégration équilibrée et épanouie au sein de la communauté.
  • Développe des aptitudes cognitives, émotionnelles et corporelles, constitutives d’un développement personnel harmonieux et sain.
  • Est acteur et apprend à son rythme et selon ses besoins, ce qui le responsabilise et favorise son autonomie.

La fréquentation des ludothèques par les familles :

  • Leur offre l’occasion d’interactions privilégiées autour du jeu, en dehors des contingences de la vie quotidienne.
  • Encourage un rapprochement par le jeu entre les membres de la famille et notamment entre plusieurs âges et générations d’une même famille.
  • Respecte les parents dans leur diversité socioculturelle et dans leurs attentes.

La fréquentation des ludothèques par une population hétérogène :

  • Contribue, par et autour du jeu, à créer des liens entre habitants, à renforcer la vie communautaire et à réduire l’isolement des individus et des familles.
  • Fait découvrir différentes formes d’appréhender le jeu et augmente ainsi la connaissance et la compréhension d’autrui au-delà des différences culturelles et générationnelles. »

La ludothèque est un formidable outil, et il est nécessaire de lui donner les bons moyens pour fonctionner. Ceci nécessite donc de les intégrer aux réflexions des politiques urbaines, sociales, éducatives et culturelles en prenant en compte leurs fonctions et en leur donnant des ressources à la hauteur de nos ambitions.

 L’impact de l’utilisation du jeu varie selon le milieu dans lequel il est valorisé et utilisé. Sa finalité en est modifiée, reste néanmoins que la-le ludothécaire a un rôle important dans les différentes approches de ces pratiques. La-le ludothécaire a des connaissances, non seulement sur les spécificités des besoins des personnes, mais aussi sur les pratiques du jeu. Elle-il est en capacité de développer des collections de jeux et de jouets en adéquation à tous ces besoins.

Il y a dix ans la Ville de Lausanne estimait que les ludothèques devaient être principalement animée par le bénévolat. Aujourd’hui cette affirmation doit être requestionnée.

 Voilà pourquoi ce postulat demande à la Municipalité de Lausanne d’étudier l’opportunité de produire une nouvelle politique publique spécifique pour les ludothèques et de considérer qu’il est de tâche publique d’offre cette prestation. Cette dernière devrait couvrir divers aspects qui nous paraissent essentiels :

 

  • Un état des lieux des ludothèques lausannoises en 2019.
  • Réfléchir à l’opportunité de rapprocher le fonctionnement des ludothèques lausannoises de celles des bibliothèques ou des archives en leur attribuant des subventions pérennes et en encourageant les ludothèques à employer des ludothécaires diplomé-e-s.
  • Etudier l’opportunité d’intégrer les ludothèques lausannoises au même service que les bibliothèques afin d’améliorer les synergies et les opportunités de développements futurs.
  • Connecter le développement des ludothèques avec une politique de quartier audacieuse afin d’avoir des institutions au plus proche des habitants.
  • Réfléchir à l’ouverture d’une ludothèque centrale, puis d’antenne dans les quartiers à l’instar de la bibliothèque municipale.
  • Etablir un nombre de ludothèques par habitants, à l’instar de ce qui se fait pour les terrains d’aventure (1 TA/50’000 habitants).
  • Valoriser les formations de ludothécaires professionnelles en créant un cadre et un outil de travail adéquat.
  • Encourager le développement d’une ludothèque pour public adulte avec pour objectif par exemple de créer des synergies avec les différents EMS lausannois.
  • Accompagner tout nouveau développement de quartier d’une planification en termes de ludothèques avec un financement assuré, comme ce qui se fait pour les bibliothèques (nous nous permettons de déposer un autre postulat en parallèle reprenant cette question dans le cas d’espèce du nouvel éco-quartier des plaines du Loup).
  • Déterminer les moyens financiers nécessaires pour le développement réel d’une politique publique en matière de ludothèques et porter les financements nécessaires au budget de fonctionnement (par exemple sous forme de subventions, de contrat de prestations ou encore d’internalisation de la prestation).

 

[1] En 2018 à la ludothèque Pinocchio, 138 ouvertures, 497 utilisateurs.trices, 2262 jeux, 8724 locations.

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