Lausanne innove sur les logements d’urgence

Chaque année, près de 200 locataires vivant à Lausanne sont menacés d’expulsion. Les causes sont souvent les mêmes: la précarité. Avec un marché du logement tendu, une passe financière difficile peut déboucher sur une grande précarité. Les conséquences d’un licenciement, d’une période de chômage, de petits boulots, d’un divorce, d’un loyer en retard peuvent mener rapidement à l’exclusion. Le voisin, une amie, un frère, tout un chacun peut être fragilisé et se retrouver à dormir dans le salon d’amis, ou pire dans la rue…

Ces personnes habitant Lausanne sont prises en charge par un dispositif de soutien spécifique. Quand la situation l’exige, elles sont logées à l’hôtel aux frais de l’aide sociale – en application de la loi cantonale. C’est une solution chère (quelque 3,6 millions de frais d’hôtel par an) et au final peu optimale pour les bénéficiaires. Car bien sûr, vivre à l’hôtel pendant un temps, c’est bien mieux que la rue, mais cela devient problématique sur plusieurs mois. Ne pas avoir de vrai «chez-soi» rend difficile la reconstruction personnelle et le retour à une indépendance. Séjourner dans un hôtel loué par la Ville, c’est avoir toilettes et salle de bains à l’étage, l’impossibilité de jouir d’un frigo, de se faire à manger, de recevoir ses enfants ou d’inviter des amis. Bref, ce n’est pas un vrai «chez-soi».

« Les logements seront simples et fonctionnels, 18 mètres carrés, avec une cuisine. »

La Ville consciente de ces difficultés a empoigné le problème en innovant. Elle va créer prochainement 62 logements modulaires de transition au Prés-de-Vidy (56 studios et 6 appartements) ainsi que 30 logements sociaux et 8 appartements communautaires à la rue St-Martin.

Les logements modulaires seront simples et fonctionnels, 18?mètres carrés, sobrement meublés avec une cuisine. Ils seront destinés prioritairement aux jeunes en formation, aux adultes et aux familles. Pour aider ces personnes à retrouver un logement durable ou un travail, un dispositif social sera mis en place. Le centre de St-Martin aura la même vocation d’accueillir des personnes en difficultés, et sera couplé avec la Soupe Populaire.

Ces logements d’urgence – prévus pour y séjourner 2?ans au maximum – ont comme vocation d’être une étape, une manière de se sortir des difficultés par le haut avec comme perspective un habitat fixe.

En créant ces structures, la Ville assume ses responsabilités sociales. Elle permet à des personnes ayant des difficultés financières passagères de se reconstruire et de se projeter dans l’avenir, mais elle diminue aussi considérablement les charges liées à la location de chambres, prises en charge par la facture sociale cantonale. Lausanne fait preuve d’une vision où chacun est finalement gagnant. Elle est ainsi une des rares villes du canton à voir son aide sociale baisser. »

Opinion parue dans le 24Heures du 24 aout 2014, par Denis Corboz, conseiller communal, vice-président du Parti socialiste lausannois.

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