Six heures du matin, oui, mais sous conditions

Grégoire Junod – Municipal. Opinion publiée le 5 novembre 2012 dans 24Heures.

Couvre-feu général, fermeture brutale des boîtes, taxes monstrueuses pour les clubs, et j’en passe. Les mesures proposées par la Municipalité pour pacifier les nuits lausannoises ont donné lieu aux conjectures et interprétations les plus diverses. Mais qu’en est-il réellement?

Commençons par les horaires. Aujourd’hui, les clubs peuvent obtenir des prolongations jusqu’à 5 heures. Sur ce point, rien ne changera avec le dispositif proposé par la Municipalité. L’horaire pourra même être prolongé jusqu’à 6 heures, sous réserve d’une modification de la loi cantonale et à condition que les établissements arrêtent de vendre de l’alcool à partir de 5 heures. On est loin du couvre-feu dénoncé par certains! Au contraire. La Municipalité est allée dans le sens des mouvements de jeunes et des clubs qui demandaient cette prolongation à 6 heures pour différer les sorties et faciliter le retour en transports publics.

Un changement important néanmoins. Pour obtenir des prolongations, les clubs devront dorénavant remplir des conditions élémentaires. D’abord le respect des lois et des conventions collectives de travail, ou encore le paiement des charges sociales. Ensuite, des normes de sécurité: un nombre minimum d’agents, un périmètre de sécurité et de nettoyage, ou encore un contrôle systématique avec saisie des armes, couteaux et objets dangereux à l’entrée des clubs. Quant aux taxes, pour une prolongation jusqu’à 5 heures, les clubs devront débourser 75 francs de plus qu’aujourd’hui. Est-ce vraiment trop demander, alors que la vie nocturne coûte plusieurs millions par année aux contribuables lausannois? Les conditions fixées relèvent simplement d’une nécessaire maîtrise de la sécurité ainsi que d’une bonne cohabitation entre résidents et noctambules.

Ces règles auront une vertu précieuse: éviter de mettre tous les clubs dans le même panier. Si certains sont de réels partenaires pour la Ville, prêts à assumer leurs responsabilités en termes de sécurité et de protection de la santé, d’autres posent de réels problèmes, en termes de nuisances, de sécurité ou de respect de la légalité. Ceux-ci devront effectivement fermer à 3 heures. En cas de problèmes récurrents ou d’infraction grave, ils pourraient même devoir fermer plus tôt ou fermer tout court. Conséquence: l’offre lausannoise, loin d’être muselée, devrait gagner en qualité.

Reste la diversité culturelle. Le soutien aux musiques actuelles s’est accru à Lausanne ces dernières années. Outre des manifestations comme Label Suisse, dont la prochaine édition est programmée en décembre, Lausanne soutient les Docks, le Bourg ou encore le Romandie. Ce volontarisme perdurera à l’avenir. Dans un cadre cohérent visant à concilier l’animation nocturne et l’offre culturelle avec une nécessaire amélioration de la sécurité. La responsabilisation des clubs s’inscrit parfaitement dans cette politique.